mardi 9 février 2010

Rencontre avec Andrée Géorgévail

Elin est photographe, vous trouverez son blog dans les liens en bas à droite.
Lorsqu'elle m'a dit qu'elle souhaitait pendant son séjour de 6 mois à Lyon, faire une recherche ou un travail sur la résistance, j'ai tout de suite pensé qu'il serait intéressant de rencontrer et de parler avec Andrée Géorgévail. Une vieille dame dont j'ai fait connaissance, il y a deux ans environ et qui m'avait marquée. 
Lundi 8 février à 15 h 00, nous avions rendez vous Elin et moi avec Andrée. Pourquoi cela ? tout simplement parce qu'elle a fait partie d'un réseau de résistance à Lyon, le réseau Gallia.
Etrange dame avec une vie hors du commun, à mon avis. Elle est née en 1921, elle a 18 ans  lors de la déclaration de guerre. 
Elle est actrice, mais aussi chanteuse de Music-Hall. Son nom de scène Maria Lhande. Elle a 5 croix militaires : La croix de guerre, celle d'Indochine, celle de CVR (combattant volontaire de la Résistance), celle de colonie, celle de ?. Elle est partie également 2 ans en Indochine entre 1949 et 1951.  Elle a adopté 3 enfants .De la guerre elle connait les horreurs, la solidarité, les bombes, les privations. Elle a été militaire, puis à son retour d'Indochine elle s'est battue pour la libération des insoumis en France.
De la résistance, nous connaissons des histoires diverses de personnes sorties en héros de 5 années de combat contre un idéal nationaliste qu'était le nazisme. Jean Moulin, Pierre Brossolette, Lucie et Raymond Aubrac....et bien d'autres héros nationaux....et les autres.........
Que sait-on des "petites mains" discrètes, qui pourtant se comptaient par centaines à l'aube de la libération?
Ces personnes qui ne faisaient certes pas de grands exploits mais qui oeuvraient tous les jours, tous les soirs, dans l'ombre, au fond d'une pièce, tapant sur une machine à écrire dont le bruit était étouffé par des couvertures. Ces personnes qui travaillaient pour que les informations parviennent  le lendemain aux services de renseignements alliés à Londres, ces personnes qui transmettaient des messages par radio, ou par courrier. Tout cela constamment au péril de leur vie. Ceci ne se raconte pas dans les livres d'histoire.
Ces jeunes qui, avec l'insouciance de leur âge ne savaient pas quelle importance ils avaient dans la destinée du monde. 
Ces messages pourraient paraître insignifiants en soi, mais ils étaient combien importants pour connaître les déplacements de l'ennemi, leur ravitaillement en essence, le nombre de soldats ennemis présents dans tel ou tel lieu...........
Andrée tapait  sur sa machine tous les soirs, enfermée dans sa chambre au 4 rue Duphot à Lyon, les papiers qu'on lui donnait. Le lendemain Renée venait récupérer les papiers tapés qui avaient été codifiés par Andrée et les transmettaient à ?
Andrée ne connaissait que Renée dans ce réseau et celui qui l'avait recruté. Principe de base dans l'organisation des réseaux résistants pour raison de sécurité si un agent est pris par l'ennemi. Elle a été recrutée dans le réseau Gallia en janvier 1944. Ce réseau était un réseau de transmission.
Nous avons retrouvé dans ses papiers quelques infos telles que des notes descriptives sur les gens qui travaillaient avec l'ennemi, et sur une petite liste un nom:
Barbie. 1m67 yeux gris faux........pour qui a suivi un peu son procès, la dénomination yeux gris faux lui convient parfaitement.
Elle nous a un peu raconté sa vie quotidienne, les privations, les tickets de rationnement. Un jour, elle a pris un malaise, son pianiste lui a demandé ce qu'elle avait. Elle avait faim, et n'avait plus assez d'argent pour se payer des cours de piano supplémentaires. Il lui a demandé si elle savait taper à la machine. Comme elle répondait oui, il lui a proposé un travail complémentaire en lui disant qu'il ne fallait parler en aucun cas de ce travail à qui que ce soit, même pas à sa famille. 
Elle a été soulagée de savoir que c'était un résistant et non un pétainiste. Elle a alors accepté la mission, comme beaucoup d'autres, dans l'insouciance de  sa jeunesse.
La résistance en 1944 était dotée de moyens financiers qui, même faibles lui permettaient de recruter des salariés et également de payer les résistants combattants qui n'avaient pas d'autres moyens pour survivre. 
Le complément de salaire versé par la résistance permettait à Andrée de bien mieux vivre, en plus on lui donnait des tickets de rationnement supplémentaires (une fois par mois un groupe de résistants dilapidait une mairie de ses tickets de rationnement).


 
Extrait du livre sur les résistants de Lyon, Villeurbanne et sa région
  
Une photo de sa jeunesse


Lundi Andrée et Elin.
J'ai enregistré l'ensemble de son témoignage.
C'était émouvant de l'entendre chanter le chants des partisans, aujourd'hui à 88 ans, quelques décennies plus tard.
Merci Andrée pour cet après -midi, à bientôt.

J'ai relevé deux sites sur lesquels vous trouverez des informations :

et un site trouvé hier en recherchant des photos du Fort Montluc, histoire que j'ai lu en rentrant hier, jusque 2h00 du matin, histoire d'un résistant alsacien, déporté à Mathausen.
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4 commentaires:

  1. Dommage qu'aucune enquête sérieuse aie été faite sur ses dires ainsi qu'une une analyse de ses écrits tellement contradictoires au fil des pages, il y des personnes qui ont du se retourner dans leur tombes, bien placée pour le savoir,

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